Comment une telle idée et surtout un shape aussi atypique peuvent-ils naître dans la tête d’un shaper ?
Le condor n’était au départ qu’une figure de style. Un design novateur et graphique qui tenait compte d’une réflexion de longue date :
« ne garder que l’essentiel »
Le premier dessin date de plus de 2 ans maintenant.
J’ai rapidement ressenti l’enthousiasme des personnes à qui j’ai pu le présenter. La question systématique était : quand allez-vous le sortir?
J’ai donc poussé la réflexion un peu plus loin afin de rendre le flotteur navigable et surtout, d’essayer de réellement ouvrir une nouvelle voie d’étude sur l’aérodynamisme.
Jusque-là, les flotteurs ne servent qu’à démarrer. Ils n’ont aucun rôle actif une fois en vol et limitent même la performance de par leur trainée.
L’évolution du windfoil s’est faite autour de shapes existants, sans grande originalité.
Le Condor concept ouvre une nouvelle voie. Le flotteur devient aérodynamique afin de limiter la trainée au minimum et actif dans la mesure où il apporte un appui aérodynamique.
La difficulté a été de conserver certaines propriétés dont la flottabilité et l’hydrodynamisme nécessaire pour s’extraire au départ, sans nuire au design avant tout aérodynamique.
Des contraintes liées aux besoins de manœuvres comme le virement de bord ont été prises en compte même si aujourd’hui, en dehors de la nécessité liée à un parcours de course racing, les pratiquants s’attachent davantage à réussir un jibe en vol.
Quels sont les retours de Benjamin Tillier qui a pu tester cette Condor à plusieurs reprises ?
Je ne vais pas parler à sa place. J’étais en Nouvelle-calédonie quand il a reçu le Condor. J’ai pu assister aux premiers bords, c’était hallucinant. Voilà ce qu’il en dit en toute transparence.
« Contrairement à ce qu’on pourrait penser le décollage se fait assez facilement car la planche est très stable en latéral. Avec une petite adaptation technique, on n’attend pas de partir au planning pour décoller.
Il faut un petit temps d’adaptation et le premier vol est assez surprenant, car on a l’impression de ne plus rien avoir devant et l’eau semble défiler beaucoup plus vite sous les pieds !
Au travers dans le petit temps et au pré surtout, il est vraiment très agréable de ne plus avoir cette sensation de devoir plier la jambe avant, le contrôle se fait avec un appui très équilibré entre les deux jambes.
Au vent arrière les touchettes se font sur la petite surface à l’arrière de la planche (et agit comme un palpeur) et en cas de plantage plus violent le nez de la planche ressort de l’eau en douceur, un peu comme le font les étraves des catamarans de l’America’s cup, sans donner de gros coups de frein.
L’aspect aérodynamique se fait nettement ressentir quand le vent est irrégulier et lors des changements de direction. On se retrouve très rapidement en confiance et je me suis surpris à faire des pointes à plus de 28 noeuds dès les premières sessions.
Aucun problème pour le foiling jibe, le virement de bord nécessite une petite adaptation technique pour revenir rapidement sur l’arrière au changement d’amure.
Dans le gros clapot, les sensations sont excellentes car on gagne un peu de hauteur et les touchettes se font sous le pied avant, ce qui permet un vrai gain en contrôle et beaucoup moins de coup de frein que sur une planche classique qui va avoir tendance à toucher plus sur le rail au vent devant.
Il y a encore des améliorations à faire, notamment pour améliorer la phase de décollage mais il y a une vraie réflexion à avoir dans le sens de ce Condor Concept ! »
On le sait, un concept « marche » véritablement s’il a l’adhésion de nombreux pratiquants et s’il correspond à une réalité de marché par rapport à ce qui existe déjà, le concept Condor verra-t-il le jour en série ou restera-t-il finalement à l’état de « board concept » ?
Lorsque Benjamin est rentré à terre après le premier essai (2 heures non-stop à toutes les allures jusqu’à la nuit) , il était formel:
« l’avenir du windfoil passera par là » me confia -t’il spontanément, un sourire jusqu’aux oreilles.
Et ce qui lui apparaissait ,en tant que rider, comme une évidence , le devenait également pour les personnes présentent à terre et qui ont pu l’observer.
Le concept marche et il est impressionnant sur l’eau.
Afin de s’assurer de l’accessibilité, d’autres riders ont essayé le condor. En France, il y a eu un premier test à Carnac avec Hélène Noesmoen, Benjamin Longy et Romuald Geyer.
En Nouvelle-calédonie, c’est un certain Eliot Quintin ,fils de l’illustre Michel Quintin , qui a été choisi pour prendre place sur le Condor.
Tous s’en sont très bien sorti avec de grosses montées d’adrénaline.
A l’heure actuelle, nous avons une vraie sollicitation de la part des pratiquants et déjà quelques commandes.
Ce serait suffisant pour sortir du concept et produire le condor en série dans la technologie Elix.
Mais pour moi, c’est un peu tôt dans la mesure où nous avons déjà des idées pour pousser le concept encore plus loin.
Nous travaillons dorénavant avec des logiciels de simulations aérodynamiques afin d’exploiter au mieux l’aspect actif du profil du flotteur.
La taille de notre entreprise ne nous impose pas d’obtenir une rentabilité systématique sur un modèle produit en série. Nous raisonnons sur l’ensemble de la gamme.
Le condor Concept tire véritablement l’image d’Elix vers le haut en nous plaçant clairement parmi les marques les plus innovantes.
Nous ne pouvons plus mettre le Condor au placard, c’est trop tard.
R.One/Elix production.
Source: Windsurf Journal